Robert Silverberg by Silverberg Robert

Robert Silverberg by Silverberg Robert

Auteur:Silverberg, Robert [Silverberg, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: sf
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Memnon lui dit :

— J’ai appris par Siegmund ce qui s’est passé aujourd’hui. Ton oncle, lui aussi, m’a mis au courant. Il faut que tu arrêtes, Aurea.

— Memnon, jetons-nous dans le puits.

— Accompagne-moi chez le consolateur. C’est la première fois que je te vois agir comme ça.

— C’est la première fois que je me sens aussi menacée.

— Pourquoi refuses-tu de te faire à cette idée ? lui demande-t-il. Pour nous, c’est vraiment une chance inespérée.

— Je ne peux pas. Je ne peux pas.

Elle s’affale, vaincue, brisée.

— Arrête, lui dit-il. La dépression rend stérile. Essaie d’être un peu plus gaie.

Impossible de la consoler. Alors, il appelle les machines pour qu’elles la conduisent chez le consolateur. Dans son bureau, on l’examine et on mesure son métabolisme. Le consolateur la fait parler. C’est un homme d’un certain âge, doux et bienveillant, mais sensiblement las. Pour finir, il déclare :

— Les conflits rendent stérile. Vous devez apprendre à répondre aux exigences de la société.

Il recommande un traitement.

— Je ne veux pas de traitement, dit-elle, mais Memnon donne son accord, et on l’emmène.

— Où me conduit-on ? demande-t-elle. Pour combien de temps ?

— Au 780e étage. Tu y resteras environ une semaine.

— Chez les techniciens moraux ?

— Oui, lui est-il répondu.

Elle passe une semaine dans un caisson rempli de fluides tièdes étincelants. Elle flotte au gré d’une douce houle. On lui parle par l’intermédiaire du circuit sonore. De temps à autre, elle entrevoit un œil qui l’observe à travers une fibre optique suspendue au-dessus d’elle. On la draine pour la libérer de ses tensions et résistances. Le huitième jour, Memnon vient la chercher. On ouvre le caisson et on la soulève hors du liquide, nue, dégoulinante, la peau plissée. Des machines la sèchent et rhabillent. Memnon la prend par la main. Aurea sourit pour un rien.

— Je t’aime, dit-elle à Memnon.

— Dieu soit béni, lui dit-il. Tu m’as tellement manqué !

Le jour du départ est proche, elle a fait ses adieux. Elle a eu deux mois pour dire au revoir tout d’abord à sa famille, puis à ses amis du village, puis à d’autres qu’elle a connus à Chicago et enfin à Siegmund et Mamelon Kluver, ses seules connaissances en dehors de sa ville natale. Aurea est allée revoir l’endroit où habitaient ses parents ainsi que son ancienne salle de classe, et elle a fait une visite guidée de la monade, comme si elle était venue de l’extérieur. Ainsi, une dernière fois, elle a pu voir la génératrice, l’axe des services de l’entretien et les postes de conversion.

Memnon, de son côté, n’a pas perdu de temps : chaque soir il fait le compte rendu de ses activités. Les 5202 citoyens de Monade urbaine 116 destinés à être transférés dans le nouveau bâtiment ont élu douze délégués qui composeront le conseil d’administration de Monade 158, et Memnon en fait partie. C’est un grand honneur. Chaque soir, les délégués participent à une réunion à distance multi-écrans qui les met en liaison avec tout Chipitts, de manière à étudier les structures sociales dont sera pourvu le bâtiment qu’ils vont partager.



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